Le 7 mars 2022, les Premières Assises des réseaux professionnels féminins et mixtes étaient organisées à Paris par 2GAP. Créé il y a à peine deux ans, ce collectif international a connu un développement rapide malgré la pandémie. Il réunit aujourd’hui une soixantaine de réseaux professionnels des secteurs privés et publics et comptent 500 000 adhérents. REVEALIS avait fait le déplacement pour prendre le pouls de l’égalité femmes-hommes auprès de ce réseau influent.
Le programme de ces premières Assises était extrêmement prometteur avec de prestigieuses invitées :
- Sylvie Pierre-Brossolette, Présidente du Haut-Conseil à l’égalité.
- Béatrice Kosowski, présidente d’IBM France.
- Angeles Garcia-Poveda, présidente du conseil d’administration de Legrand, 2e femme nommée à la tête d’une entreprise du CAC40.
- Marie-Pierre Rixain, députée auteure de la loi promulguée fin décembre 2021.
- Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.
Les femmes veulent le pouvoir de décider
En introduction, Nathalie Pilhes, présidente de 2GAP, a fait le constat qu’aujourd’hui, malgré les avancées récentes permises notamment par l’Index Pénicaud, l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes se heurte au point dur du partage du pouvoir. Or, cette difficulté remet en question la qualité et la performance de la décision.
C’est pourquoi 2GAP a choisi d’éditer un livre blanc sur ce sujet. « Ce livre blanc rappelle l’impact positif de la mixité sur la décision au sein des organisation publiques comme privées. Il comporte aussi des propositions concrètes sur les voies et les moyens pour favoriser la place des femmes dans les lieux de décision » a précisé Nathalie Pilhes. Il a été remis à Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, en clôture de la journée.
Ce que nous retenons des Assises 2GAP
Un manque d’ambition dans la loi Rixain…
Un consensus semble régner parmi les membres du réseau 2GAP : la loi Rixain, dans sa version promulguée le 24 décembre 2021, manque d’ambitions :
- L’échéance de 2030 est trop tardive.
- Le quota de 40% de femmes dans les instances dirigeantes est trop faible. Pourquoi pas 50%.
- Le seuil des entreprises de 1000 employés trop élevé. Seuls 300 entreprises seraient concernées en France. Il aurait dû être abaissé à 250 salariés.
- La loi ne concerne que le secteur privé.
… mais un vrai pied dans la porte
Elisabeth Moreno et Marie-Pierre Rixain entendent et comprennent ces critiques légitimes qui traduisent l’impatience des femmes et une certaine déception. « On attend depuis tellement longtemps, on a l’impression de quémander alors que ça devrait être normal. Ça ne va pas assez vite. Mais il faut se rendre compte de là où nous venons… » a déclaré la ministre. Elle a ensuite rappelé qu’en 5 ans, 6 lois ont été votées en faveur des femmes, dont 2 concernant l’égalité professionnelle.
Marie-Pierre Rixain a, quant à elle, affirmé que les décrets d’application attendus devraient être publiés avant la fin du mois de mars. Les quotas imposés, de 30% de femmes en 2027 et 40% en 2030 dans les instances dirigeantes, peuvent sembler insuffisants mais ils constituent un véritable « pied dans la porte ». Une avancée sur laquelle il ne sera plus possible de revenir. « La non-mixité des instances dirigeantes constitue une perte de chance pour les femmes, certes, mais aussi et surtout pour les entreprises et notre économie » a conclu la députée.
Les femmes coincées entre un plafond de verre et un plancher collant
On parle souvent du « plafond de verre » qui empêche les femmes d’accéder aux postes stratégiques. On parle moins du « plancher collant » qui les maintiennent dans des métiers précaires et sous-payés. C’est ce qu’a rappelé Sylvie Pierre-Brossolette, Présidente du Haut-Conseil à l’égalité.
Pour elle, un enseignement et une orientation scolaires sans stéréotype doivent permettre de se défaire la prégnance des rôles sociaux féminins et masculins. Développer l’attractivité de certaines professions ou secteurs encore perçus comme « masculins » permettrait de constituer un vivier de talents féminins, favorisant la mixité. Car aujourd’hui, il n’y a plus de carrière qui soit interdite aux femmes.
Le besoin de modèles extraordinaires et ordinaires
Pour cela, les jeunes filles ont besoin de modèles féminins auxquels s’identifier. Ces modèles, ordinaires ou extraordinaires, ne sont pas encore assez présents dans les médias. Donner plus de visibilité aux succès féminins, quels qu’ils soient, ouvrirait le champ des possibles pour toutes les femmes. L’égalité femmes-hommes se joue aussi dans la sphère médiatique où la parité est très loin d’être atteinte.
L’authenticité et le bien-être érigés en levier de performance
Nous savons à quel point il peut être difficile pour une femme d’évoluer dans des milieux très masculins. Nous avons donc apprécié d’entendre dire que la parité dans les entreprises et les organisations permet aussi à chacun d’être soi-même, de faire entendre sa voix et de trouver sa place. En ce sens, comme l’a relevé Angeles Garcia-Poveda parler d’une gouvernance « équilibrée » est peut-être plus adéquat que d’une gouvernance « partagée ».
En tant que DG d’une PME, Anne-Sophie Panseri a, elle, témoigné des effets positifs de mesures mises en place pour améliorer la qualité de vie au travail et l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle. Prendre en compte le bien-être de ses collaborateurs ne peut que profiter à l’entreprise.
Le mot de la fin
De ces premières assises des réseaux professionnels féminins et mixtes, nous sommes reparties confortées dans notre mission. Les femmes ont encore un long chemin à parcourir pour atteindre leur juste place.
Lever les blocages, s’aligner avec ses valeurs, combattre les stéréotypes, gagner en estime de soi et en confiance… sont des aspects sur lesquels REVEALIS peut les aider. Voilà la petite pierre que nous voulons apporter.
Car comme l’a si bien rappelé Nathalie Pilhes, nous croyons nous aussi que : « L’égalité femmes-hommes est la condition sine qua non d’un monde meilleur. »